Les contes de la sirène: le chant comme guide d’un parcours à l’aveugle

L’Association Éducative et Récréative des Aveugles est fière d’avoir contribué à la mise en œuvre d’une activité de sensibilisation culturelle et interactive à la portée de la population trifluvienne, en collaboration avec Culture Trois-Rivières et la talentueuse soprano Valérie Poisson.

Par ailleurs, EMA, AÉRA, Karine Descôteaux (directrice générale de l’AÉRA), Valérie Poisson et Steve Bernier vous convie à leur premier événement alliant musique, art du conte et sensibilisation à l’handicap visuel les 26 septembre et 15 octobre prochains en partance du terrain d’EMA jusqu’au Parc des Ursulines.

Le collectif est plus qu’heureux de vous convier à son premier, mais passionnant et stimulant événement au terrain d’EMA et au Parc des Ursulines le dimanche 26 septembre et vendredi le 15 octobre prochains présenté en collaboration avec Culture Trois-Rivières et AÉRA (Association Éducative et Récréative des Aveugles).

Image d’un jeune femme aux yeux bandés qui tente de se diriger sur le chemin, montrant un paysage printanier en arrière-plan.

Inauguration d’une série d’événements

Les Contes de la sirène vous offre de découvrir l’univers de l’handicap visuel en dévoilant aux participants des techniques de déplacement, leur couvrant les yeux au stationnement d’EMA métiers d’art et les initiant à parcourir, avec une canne et les yeux bandés, le Parc des Ursulines. Les participants devront affiner leur ouïe en se fiant à la voix de Valérie Poisson afin de diriger leur marche. En plus d’affronter leur peur de manière ludique, l’échange verbal entre des voyants et non-voyants sur place sera encouragé. Les pauses permettront au conteur d’ouvrir l’imaginaire des participants sur la vie d’une sirène avec le son aquatique venant du port.

Au menu,

EMA avec ses créations québécoises, les conseils de la directrice de l’AÉRA, Karine Descôteaux, les contes de Steve Bernier ainsi que la performance de la soprano Valérie Poisson sur les airs de Bizet, Puccini et Mozart à l’occasion de la Journée mondiale des fleuves et de la Journée internationale de la canne blanche.

Inscription

Les places gratuites, mais limitées à 24 duos, peuvent être réservées en ligne sur le site Facebook de Valérie Poisson Soprano sur facebook.com/valeriepoissonsoprano ou auprès de l’AERA [email protected].

 

Cette série d’événements promeut la collaboration artistique, la sensibilisation et la médiation.

Portée médiatique

La directrice générale de l’AÉRA a également mené une entrevue auprès du Nouvelliste pour annoncer la venue de cette activité extraordinaire visant à sensibiliser les gens sur la déficience visuelle et ses enjeux. Elle y mentionne :

«On cherche à sensibiliser l’ensemble de la population, mais aussi nos différents ordres de gouvernement à la cause de la déficience visuelle, explique la directrice d’AERA, Karine Descôteaux. C’est une réalité dont on ne parle que rarement, mais qui demeure très actuelle pour nos 1700 membres en Mauricie et au Centre-du-Québec. Moi qui suis non-voyante, je suis en mesure de vivre une vie normale et autonome malgré mon handicap : je travaille, je me déplace, je fais mes emplettes, etc. Sans chien-guide, simplement grâce à l’utilisation d’une canne dans mes déplacements.»

«Par contre, quand vient le moment de circuler sur une voie piétonnière et qu’on y dépose des bacs de récupération, des vélos ou qu’on y aménage une terrasse, ça devient tout un défi pour moi. Je me retrouve comme dans un labyrinthe. On souhaite simplement que les gens tiennent davantage compte de notre réalité au quotidien pour nous faciliter la tâche.»

La cause justifie des actions plus élaborées et des représentations auprès des instances gouvernementales, mais la simple sensibilisation du grand public demeure nécessaire sur une base régulière. Le Parcours à l’aveugle constitue une façon ludique et agréable de le faire.

Par le biais de ces actions, l’Association Éducative et Récréative des Aveugles souhaite que la population trifluvienne et les agents gouvernementaux soient plus aguerris face à la réalité dans laquelle les personnes en situation d’handicap visuel doivent vivre au quotidien.

Photo montrant une femme asiatique non-voyante qui marche sur le côté de la route une canne à la main.

Informations générales

Dates :

26 septembre, 14h30 et 16h30

15 octobre, 17h30 et 19h30

 

Départ : Stationnement d’EMA

Adresse : 802 Rue des Ursulines, Trois-Rivières, QC G9A 5B5

Durée : 1h30

Coût : Gratuit

Contact

 

Valérie Poisson AERA, Karine Descôteaux

514-433-1730 819-693-2372

[email protected] [email protected]

valeriepoisson.ca aera0417.com

Valérie Poisson

 

Comme annoncé la semaine dernière, Apple a rendu iOS 15 disponible le 20 septembre 2021. En plus d’iOS, iPadOS et TVOS sont aussi disponible dans leur version 15. Pour les possesseurs d’Apple Watch, ces derniers auront droit à la version 8 du système d’exploitation de la montre. Attention toutefois de toujours mettre l’iPhone à jour avant l’Apple Watch.

 

Enfin, on a le choix!

 

Je vous ai parlé dans un article précédent qu’on aurait le choix de rester sur iOS 14 et continuer de recevoir des mises à jour importantes ou encore de mettre à niveau vers le nouveau système et avoir les nouvelles fonctionnalités. Apple a tenu sa promesse. Lorsque je vais dans la section Mises à jour logiciel de l’iPhone, Apple me dit que mon logiciel est à jour. Ensuite, il m’offre l’option de mettre à niveau vers iOS 15 en me disant qu’iOS 15 est également disponible. Pour avoir plus d’infos sur la mise à jour, il faut cliquer sur le bouton appelé Mettre à niveau. À noter que lorsque j’ai ouvert Mises à jour logiciel pour la première fois, une fenêtre pour faire de la publicité pour iOS 15 est apparue. Je l’ai fermée et j’ai eu l’écran dont je vous parlais plus tôt.

 

Si vous êtes sur une version plus ancienne que 14.8, vous devriez pouvoir installer cette version. À l’heure actuelle, 2 iPhone de personnes de mon entourage qui étaient sur 14.7.1 se sont fait proposer la mise à jour vers 14.8. Je vous conseille donc, si vous souhaitez rester sur iOS 14, d’aller dans la section Mises à jour logiciel et de cliquer sur le bouton pour installer iOS 14.8.

 

Prêts à faire le pas?

 

Si vous aimez bénéficier des nouvelles fonctionnalités et toujours avoir les dernières mises à jour dès leur sortie, le temps est venu pour vous de faire le grand pas. Voici toutefois quelques précautions à prendre pour que le processus de migration se fasse bien. Veuillez noter que ces précautions sont bonnes pour tout le monde et pas seulement pour ceux et celles qui veulent installer iOS 15.

 

La chose la plus importante à faire avant de mettre à jour est une sauvegarde chiffrée de votre appareil sur iTunes. Si vous ne savez pas comment faire ni comment utiliser iTunes, je vous mettrai un lien en fin d’article où tout vous est montré pas à pas. Une fois votre sauvegarde chiffrée faite, je vous conseille d’effectuer la mise à jour par iTunes si vous êtes sur une version plus ancienne que 14.8. Vous éviterez donc d’avoir à faire d’abord la mise à jour vers 14.8. Je vous recommande également de sauvegarder régulièrement votre appareil sur votre ordinateur. De cette façon, s’il y a des problèmes avec votre sauvegarde iCloud, vous aurez une sauvegarde locale sur votre ordinateur.

 

Devriez-vous mettre à jour?

 

La réponse à cette question est propre à chacun. Pour ma part, je l’ai installé sur un appareil de test pour être en mesure de m’amuser avec et repérer les bugs potentiels. Si vous êtes un utilisateur de l’application Wallet, il est recommandé par le site anglais Applevis de ne pas mettre à jour. Selon leurs tests, il y a beaucoup de problèmes d’accessibilité dans cette application. Pour ma part, je vais attendre quelques semaines ou mois avant de mettre mon téléphone personnel à jour pour que les bugs les plus importants soient corrigés. N’hésitez pas à me partager vos expériences si vous décidez de franchir le pas.

 

Voici le lien du podcast pour apprendre à utiliser iTunes.

 

 

Olivier D’Anjou

Responsable du soutien technique et formateur de l’AÉRA

Dans un article paru dans le Nouvelliste, l’AÉRA annonçait l’ouverture de son tout nouveau point de service à Drummondville !

« Notre association promeut un monde inclusif et adapté à la déficience visuelle et favorise l’accès à des conditions de vie décentes afin de faciliter le quotidien de la personne en situation d’handicap visuel.

Instauré à Trois-Rivières depuis près de 50 ans, l’Association Éducative et Récréative des Aveugles est au service de la population handicapée visuelle de la Mauricie et du Centre-du-Québec. Il nous fait plaisir de vous annoncer que nous avons récemment réaménagé nos bureaux au cœur de la ville. Aujourd’hui situé dans l’édifice Ameau, au local 704 du 118 rue Radisson, l’AÉRA est fière de pouvoir accueillir sa clientèle dans un environnement plus accessible. De plus, c’est avec enthousiasme que nous vous annonçons également l’ouverture d’un tout nouveau point de service à Drummondville, situé au 1637 boulevard St-Joseph, local 104, offrant des services à proximité pour la clientèle du Centre-du-Québec.

L’AÉRA encourage la mobilisation de la collectivité dans une visée de défense des droits et de l’accroissement de l’autonomie afin que les personnes en situation d’handicap visuel de la Mauricie et du Centre-du-Québec puissent vivre comme elles l’entendent. En effet, l’AÉRA souhaite projeter l’image d’une personne avertie, bienveillante et dévouée au service de sa clientèle.

S’adressant à toute personne touchée par la déficience visuelle, l’AÉRA offre un éventail de services personnalisés de soutien, d’accompagnement, d’apprentissage et de rencontre. Concrètement, l’association offre un accès à un bureau multiservices facilitant l’accès à des outils d’adaptation pour la déficience visuelle, des formations et du soutien en technologie adaptée et aux outils adaptatifs, les services d’une intervenante sociale, des exercices adaptés, des causeries, des conférences avec des professionnels, une clinique d’impôts, des activités culturelles, des activités traditionnelles rassembleuses, et bien plus encore ! L’AÉRA offre également un programme s’adressant aux parents d’enfants handicapés visuels.

 

Pour de plus amples informations, vous pouvez communiquer avec la directrice générale de l’association, Karine Descôteaux.

 

Au plaisir de vous rencontrer ! »

 

Karine Descôteaux

Directrice générale

 

Association Éducative et Récréative des Aveugles

Édifice Ameau de Trois-Rivières, 7e étage              Point de service de Drummondville

118, rue Radisson, local 704                                 1637 boulevard St-Joseph, local 104

Trois-Rivières, QC, G9A 2C4                                  Drummondville, Qc, J2C 2G4

 

Téléphone : 819-693-2372

Courriel : [email protected]                                 Site internet : www.aera0417.com

Facebook : aera0417

Ce projet consiste en un suivi d’appels amicaux mensuel d’une durée d’environ 15 minutes durant lesquels un bénévole tient  une conversation avec une personne ayant une déficience visuelle  . Le bénévole est attitré à quelqu’un et elle effectuera le suivi durant au moins une année. Cela leur permettra de créer un lien fort entre eux et contribuera à briser l’isolement de l’individu. Aussi, le bénévole aura l’occasion d’apprendre à connaître la personne et il pourra s’adapter à ses préférences. Il est à noter que ces appels ne consistent pas en un suivi psychosocial. Le bénévole est amené à parler à la personne de façon conviviale et non intrusive ; si le besoin est, la personne sera référée à une ressource adéquate.

De plus, la directrice générale sera responsable de la formation et de l’encadrement des bénévoles qui   participeront aux programmes.

 

Karine Descôteaux

 

Directrice générale

 

Je suis très heureux de soutenir l’Association éducative et récréative des aveugles dans ses activités de sensibilisation qui viennent en aide aux personnes ayant une déficience visuelle.

Il est important de mettre en lumière les nombreux services offerts par l’AÉRA afin d’informer la population des moyens qui existent pour améliorer la qualité de vie de ces personnes.

Les handicapés visuels ont besoin que la population soit sensibilisée à leur réalité et qu’elle comprenne leurs enjeux.

Je suis très sensible à la situation de ces personnes et j’invite la population à prendre conscience des nombreuses façons de venir en aide aux gens ayant une déficience visuelle pour favoriser leur inclusion au sein de notre communauté.

Jean-Denis Girard

La Presse, 2011-01-22, Plus

La beauté aveugle

par Hachey, Isabelle

La beauté. Tout le monde la recherche. On se met à plat ventre devant elle. On dépense des fortunes dans l’espoir de l’atteindre. En cosmétiques, au nom
de la mode, en chirurgies esthétiques. Nous avons demandé à des non-voyants ce qu’ils pensaient de l’obsession de notre siècle. Pour découvrir que les
vrais aveugles ne sont peut-être pas ceux que l’on croit.

Sa canne blanche à la main, Yves Fleury attendait le feu vert, rue Saint-Denis, quand un homme lui a offert son aide. Ils ont fait un bout de chemin ensemble.
L’homme, qui se rendait à la clinique des grands brûlés, lui a raconté son histoire.

“Il tenait une station service la nuit et des jeunes, non contents de le voler, l’avaient aspergé d’essence avant de mettre le feu, raconte M. Fleury. Il
était défiguré. Il m’a confié qu’il trouvait ça relaxant de me parler parce que je ne le voyais pas. Vous, les voyants, vous fermez tout de suite la porte
aux laids.”

Changement de décor. Il y a plusieurs années, Denise Beaudry a pris part à une soirée où une très belle femme trônait en reine. Tous étaient subjugués.
Tous, sauf Mme Beaudry, aveugle depuis l’enfance. Pour elle, il était évident que la belle était exécrable. Mais personne ne semblait s’en rendre compte.

La beauté nous éblouirait-elle au point de nous faire perdre tout sens critique? Les aveugles seraient-ils capables, beaucoup mieux que nous, de voir au-delà
des apparences?

Nous avons consulté sept aveugles, de Montréal à Paris, en passant par Berkeley. Ils nous ont livré leur perception de ce monde où le culte de la beauté
est une obsession.

Platon disait que le beau est bon. Depuis une dizaine d’années, une multitude d’études scientifiques ont prouvé qu’il avait tout faux. Que rien ne permet
de lier la beauté à la bonté, pas plus que la laideur au mal. Pourtant, les gens continuent à faire l’association. C’est tellement naturel, inculqué depuis
les contes de l’enfance, qu’ils le font peut-être sans même s’en rendre compte.

“Le plus gros piège pour les voyants, c’est de penser qu’une personne belle est quelqu’un de bien, dit M. Fleury. Un aveugle est moins encombré parce qu’il
ne voit pas. Alors, il écoute plus.”

En voilà un qui n’est pas assujetti au culte de la beauté.

“Pour moi, c’est un peu comme du chinois. Je n’y comprends rien. Les gens prennent des risques énormes à ne vivre qu’en surface. Ils n’ont plus de temps
aujourd’hui, ou ne veulent pas le prendre. Je ne vois plus depuis 33 ans et j’arrive à survivre sans être obsédé par la beauté. Ça n’a pas vraiment d’importance.
Il y a tellement de choses plus fondamentales.”

Pour les aveugles, il n’y aura jamais d’amour au premier regard. Marie-Claude Lavigne, aveugle de naissance, ne s’en plaint pas.

Elle a trop de pudeur pour toucher le visage des gens qu’elle ne connaît pas. “Quand j’ai touché mon mari pour la première fois, j’avais déjà une certaine
perception de lui. Je ne me suis pas dit “Oh mon doux, il a une barbe, un gros ventre”. L’apparence physique n’influence pas ma définition de la beauté.”

Les yeux du coeur

Superficielle, la beauté? Peut-être. Mais les études tendent à montrer que l’attirance pour les beaux visages et les corps parfaits est aussi très instinctive.
Presque animale. Nous choisissons de beaux partenaires en croyant qu’ils ont les meilleurs gènes pour assurer notre descendance. C’est la théorie de la
sélection naturelle.

Aux États-Unis, de récentes études neurologiques ont montré que la vue d’un beau visage stimulait la même région du cerveau que de la nourriture pour une
personne affamée, de la drogue pour un toxicomane ou de l’argent pour un joueur compulsif. L’être humain serait donc littéralement programmé pour réagir
à la beauté.

Les non-voyants eux-mêmes n’y sont pas insensibles, prévient Serge Poulin, aveugle de naissance. “Pour moi, “on ne voit bien qu’avec les yeux du coeur,
l’essentiel est invisible pour les yeux”… c’est n’importe quoi! Moi, une planche à laver, ça ne m’intéresse pas. Contrairement à beaucoup de gens, j’aime
les femmes qui ont des courbes.”

Le mythe du sixième sens

Martin Trépanier ne voit que la lumière et des formes très floues. Pourtant, il sait identifier une jolie femme quand il en croise une. Non pas qu’il soit
doté d’un sixième sens. “Il y a une assurance dans la voix des gens beaux”, explique-t-il. Une sorte de confiance en soi, parfois même une certaine arrogance.

Comme tous les aveugles, M. Trépanier a appris à mieux se servir des quatre sens qui lui restent. “Ce sont des antennes merveilleuses pour capter la beauté
du monde”, dit ce Gaspésien qui se nourrit du timbre de la voix, de la douceur de la peau ou du parfum d’une femme pour assouvir sa soif de beauté.

“Il y a un stéréotype selon lequel les aveugles posséderaient un sens surnaturel, comme s’ils pouvaient voir la beauté intérieure. Mais cela ne se fait
pas lors d’une première rencontre”, dit Georgina Kleege, professeure aveugle à l’Université de Berkeley en Californie.

“On dit souvent que la beauté est dans l’oeil de celui qui regarde, dit M. Trépanier. Mais elle est aussi dans l’oreille de celui qui écoute, dans la main
de celui qui touche.”

Un paradoxe

Aveugle de naissance, Marie-Claude Lavigne ne se préoccupe pas de l’apparence des autres. Pourtant, elle se soucie énormément du regard que les autres posent
sur elle.

“Je sais, c’est paradoxal, dit-elle. Les images de beauté des magazines et de la publicité sont très superficielles, mais on vit dans un monde social, et
même les aveugles en sont contaminés.”

Gili Hammer, doctorante à l’Université hébraïque de Jérusalem, a fait le même constat après avoir rencontré une cinquantaine d’Israéliennes aveugles. Des
musulmanes et des juives orthodoxes et laïques, séfarades et ashkénazes.

“Ces femmes sont très différentes les unes des autres. Pourtant, ce n’est pas comme si elles vivaient dans une tour d’ivoire et n’avaient aucune idée de
ce qu’est la féminité, la beauté, les demandes de la société par rapport au corps de la femme d’aujourd’hui.”

Parmi ces Israéliennes, certaines étaient très féminines, au point de s’épiler au laser et de se maquiller tous les jours. D’autres, au contraire, étaient
très décontractées et prenaient un certain plaisir à ne pas être esclaves du miroir. “Toutes, cependant, faisaient des efforts quotidiens pour paraître
normales. Pour être acceptées dans la société.”

“Pour nous, il ne s’agit pas tant de mettre en valeur nos charmes, mais d’être visuellement attirants, afin de dissiper le préjugé selon lequel les aveugles
ne seraient que des miséreux et des impotents, écrit Mme Kleege dans un essai sur la beauté. On ne nous demande pas de devenir beaux, mais de paraître
moins aveugles.”

La rédaction tient à souligner que l’auteur de cette chronique s’exprime à titre personnel.

La banalisation

Récemment, un membre de notre Regroupement me confiait son indignation face à l’expression populaire « souffrir d’une déficience visuelle ». Il estimait cette expression mensongère et humiliante puisque son état ne lui causait aucune douleur. Je lui fis observer que la privation d’une vision normale pouvait causer des souffrances psychologiques aussi bien que physiques sans parvenir à calmer son irritation.

Cette attitude me laissa songeur. D’autant plus que les propos d’une célèbre québécoise handicapée publiés dans un grand magazine m’avait consterné. En résumé, elle ne pouvait plus tolérer que le public souligne son courage de vivre avec une incapacité physique importante. Elle exigeait qu’on la considère comme une personne normale. Le mot est lâché, la normalité; cet idéal poursuivi, exceptionnellement atteint, par tant de personnes handicapées au Québec!

Dites-moi donc! Qu’est-ce qui nous pousse à tenter sans cesse de banaliser notre handicap et camoufler les difficultés que nous vivons quotidiennement? Croyons-nous vraiment afficher une meilleure autonomie en minimisant les limitations causées par la déficience visuelle lors d’une entrevue, d’un témoignage ou d’une simple conversation?

Il faut admettre que cette voie d’évitement nous est fermement indiquée depuis des décennies par tous les théoriciens du processus d’apparition du handicap. Eux-mêmes rarement handicapés, ils ont excellé dans l’art de manier l’euphémisme afin de normaliser coûte que coûte les anormaux que nous étions. Grâce à l’impulsion bienfaisante de ces « lologues », les aveugles sont tour à tour devenus des handicapés de la vue, des personnes atteintes d’une déficience visuelle, des personnes vivant avec une incapacité visuelle et des personnes ayant des troubles perceptifs. Et quoi encore! Si la tendance se maintient, nous serons bientôt des personnes légèrement désavantagées sur le plan visuel ou bien, des citoyens avec une vision atypique et, pourquoi pas, des gens qui voient différemment.

Certes, les sorciers de la rectitude politique ont adouci les vocables mais qu’ont-ils fait pour lever les obstacles encombrant toujours nos chemins? Chez l’humain, le sens le plus important est évidemment la vue. Une simple observation de notre vie moderne permet aisément de conclure que près de 85% de l’information captée durant une journée s’avère de nature visuelle. Par conséquent, toute personne privée en tout ou en partie de l’usage de la vue s’en trouve inévitablement limitée dans l’accomplissement de ses activités quotidiennes de façon sévère. J’ai acquis l’intime conviction que notre situation est grave et que nos efforts de dissimulation ne la rendent pas moins grave. À force de banaliser le handicap visuel en l’assimilant pratiquement à une simple différence, nous contribuons, je le crains, à la réduction de la solidarité, de la compassion et de la volonté d’accommodement raisonnable de la société québécoise envers ses citoyens aveugles et amblyopes. Il ne faut pas s’y tromper, la lucidité n’a jamais freiné la détermination ni l’autonomie.

Vous avez des commentaires, écrivez-moi à : [email protected].

Le Devoir, 2017-08-04
Actualités

Virginie Nussbaum

Ils sont non-voyants, mais peuvent se repérer dans l’espace en claquant des doigts ou de la langue. Zoom sur un radar à échos ultraperformant, qui commence à être entraîné dès le plus jeune âge.\r\nOn le surnomme Batman. Aucun masque à oreilles pointues, aucune cape flottant au vent pour autant. Si Daniel Kish mérite ce sobriquet, c’est qu’il a de la chauve-souris bien plus que les accessoires hollywoodiens : le pouvoir de se repérer dans la nuit.

Une nuit noire dans laquelle l’Américain est plongé depuis toujours, ou presque : atteint d’une tumeur de la rétine alors qu’il n’a que 13 mois, on doit lui retirer ses deux yeux. Lui reste alors, pour appréhender ce qui l’entoure, son sens de l’ouïe que Daniel Kish développe de manière… inouïe. Au point de parvenir aujourd’hui, tout comme les mammifères nocturnes, à ” voir ” le monde grâce aux seuls sons qu’il émet.

En général, c’est un claquement de langue. Ou le bruit de sa canne sur le sol. Des flashs sonores envoyés dans l’espace, qui se répercutent sur les surfaces alentour avant de lui revenir sous la forme d’échos chargés d’informations.

” Je peux sentir l’emplacement d’un objet, sa dimension, ses contours et sa texture. Par exemple, je saurais reconnaître une étagère remplie de livres, car ceux-ci renvoient un écho particulier “, détaille Daniel Kish. Qui construit ainsi une vraie image de la pièce où il se trouve, bien qu’il ne l’ait jamais vue.

Génétique programmée

Un sonar semblable à celui de la chauve-souris ou du dauphin, mais à la performance bien plus modeste.

” Chez ces animaux, l’écholocalisation est génétiquement programmée, alors que chez l’humain, le cerveau s’adapte pour la développer. Nous apprenons au fur et à mesure à construire l’espace en alliant notre déplacement au son que nous produisons “, explique Roland Maurer, éthologue à l’Université de Genève, spécialisé en orientation spatiale.

Avec son radar surdéveloppé, Daniel Kish peut donc voyager, se promener en pleine nature et même faire du VTT. Des exploits qui l’ont érigé au rang de superhéros de l’écholocalisation, avant même qu’il ne fonde, en 2000, World Access for the Blind, organisation qui aide les aveugles à maîtriser l’écholocalisation et forme les voyants à l’enseigner.

Société ” paternaliste ”

Des cours et ateliers dont ont déjà bénéficié 500 personnes dans près de 40 pays avec, à terme, un double objectif : favoriser le développement des personnes non voyantes, tout en sensibilisant le public à leur potentiel.

” Notre société attend tellement peu des aveugles. Elle s’imagine qu’on ne peut pas fonctionner sans nos yeux et donc qu’il faut nous en prêter constamment. Il s’agit d’une mentalité paternaliste “, dénonce Daniel Kish, qui prône au contraire l’autonomie et la débrouillardise dès le plus jeune âge.

” Si j’ai pu développer cette aptitude, c’est d’abord parce que mes parents ont vu au-delà de ma cécité. Ils m’ont toujours encouragé à interagir avec mon environnement, sans restriction ni appréhension. L’écholocalisation, c’est comme un langage : on peut l’apprendre sur le tard, mais c’est plus difficile et ça ne deviendra jamais une langue maternelle. ”

Bibliothèque de bruits

Jean-Marc Meyrat, lui aussi, a appris à dompter les échos. Ce Neuchâtelois d’origine a perdu la vue alors qu’il était encore enfant et, autant qu’il s’en souvienne, il a toujours fait appel à l’écholocalisation. Mais c’est en lisant un article de Daniel Kish qu’il en a vraiment pris conscience et s’est intéressé à cette fascinante prouesse cérébrale. ” On peut retracer l’écholocalisation jusqu’à l’Antiquité lorsque les marins, lors des jours de brouillard, tiraient au canon pour savoir s’ils approchaient des terres ! ”

La résonance du bois, du béton, mais aussi celle d’un abribus, Jean-Marc Meyrat la reconnaît au premier claquement de doigts (qu’il préfère à celui de la langue, moins discret). ” C’est comme une sorte de banque d’échos, une bibliothèque de bruits que l’on vient enrichir au fil des années. ” Avec une certaine marge d’erreur.

” Je me suis souvent exercé à passer entre les voitures sans toucher les pare-chocs. Parfois, on rate lamentablement “, plaisante-t-il.

À 58 ans, il travaille à l’Association pour le bien des aveugles et malvoyants (ABA), à Genève, où il donne des cours d’apprentissage sur iPhone. Il se sert d’ailleurs des ” clics ” pour repérer la porte d’entrée de l’immeuble. Mais les considère plutôt comme un outil complémentaire aux moyens traditionnels. ” À mon âge, cela demande une grande concentration, surtout en fin de journée. ”

Robot à échos

En Suisse, un groupe de professionnels romands s’est formé à la méthode il y a deux ans. Parmi eux, Denise Javet Ruedin, ergothérapeute valaisanne spécialisée en réadaptation visuelle et membre de l’Association des indépendants spécialistes en basse vision, qui s’est elle-même prêtée à l’exercice dans les rues de Lausanne. Elle propose désormais à ses patients l’approche par le son, en fonction de la demande et des circonstances.

” On ne peut par exemple pas se servir de l’écho pour sentir les obstacles au sol, comme des bordures de trottoir. Là, la canne longue reste centrale. ”

Peut-être est-ce l’effet Kish, toujours est-il que la science semble elle aussi s’intéresser davantage à l’écholocalisation.

Au début de l’été, le chercheur suédois Bo Schenkman présentait une étude décortiquant les différentes caractéristiques du son prises en compte par ces ” sonars humains “. À l’École polytechnique fédérale de Lausanne, une équipe travaille même sur la création d’un robot sachant se diriger dans une pièce grâce aux échos, comme Daniel Kish.

Un regain d’intérêt que ce dernier voit d’une très bonne oreille. D’ailleurs, il apprécie la Suisse, et notamment les Alpes, qu’il a arpentées lors de sa dernière visite, jusque sur les hauteurs de Grindelwald.

LA PRESSE CANADIENNE

Les personnes ayant une déficience visuelle interpellent les élus, et leur demandent de «voir plus clair» pour les soutenir. À l’occasion de la Semaine québécoise de la canne blanche, les regroupements représentant les aveugles et les «malvoyants» applaudissent les avancées technologiques majeures qui leur viennent en aide, mais ils rappellent que l’accessibilité universelle à tous les services n’est pas atteinte.Au nombre de 300 000 au Québec, ils doivent encore composer quotidiennement avec de nombreuses difficultés.Plusieurs organismes communautaires militent notamment en faveur d’aménagements favorisant l’accès pour tous aux lieux publics et à l’information.

L’accession à un travail pour une personne non-voyante pose des problèmes. Selon les regroupements, il existe encore de la discrimination; de plus, les nouvelles technologies sont souvent une barrière difficile à franchir.

Ils notent que plusieurs mesures sont à la portée des élus de tous les paliers de gouvernement afin d’abaisser les barrières qui empêchent les non-voyants de s’intégrer.

Une chronique de Jean Brière

Je conserve un souvenir impérissable de l’arbre de Noël de mon enfance. Je ne me lassais pas de contempler le merveilleux sapin qui trônait fièrement à chaque fin d’année dans le salon familial. Les arbres de Noël préférés de nos jours sont généralement naturels, en dépit des apparentes préoccupations environnementales. Mon sapin à moi était on ne peut plus artificiel et écologique. Son tronc argenté, maigre comme un manche à balai, supportait des tiges d’acier en guise de branches. Ces dernières étaient hérissées de milliers de brindilles en papier d’aluminium qui brillaient comme des diamants. Garni de ses boules de Noël rouges et protégeant sa modeste crèche, il m’apparaissait tout à fait splendide.

En décembre 1964, j’étais un petit garçon de cinq ans affublé de lunettes épaisses comme des fonds de bouteille. Un matin, maman m’annonça que mon père était tombé gravement malade durant la nuit; on avait dû le transporter à l’hôpital. Elle ajouta que papa, ce vaillant ouvrier, serait dorénavant paralysé et invalide. Quel drame pour notre famille! Mes réflexions enfantines prirent alors une direction honteusement égoïste; pas de travail = pas d’argent = pas de cadeau à Noël! J’osai en parler à maman qui m’arrêta net d’un laconique «on verra». Jamais je ne rendrai suffisamment hommage à mes parents qui ont su satisfaire tous nos besoins essentiels malgré des revenus familiaux minuscules. Je ne sais par quel prodige, mais cette année-là et celles qui ont suivi, notre arbre de Noël a abrité des étrennes pour tous les enfants de la maison.

Un album de Tintin, une station-service pour mes autos miniatures, un G.I. Joe, j’étais enchanté par mes cadeaux et n’avais aucunement conscience de la première leçon de courage prodiguée par ma mère. Soupçonnait-elle que la détermination et le courage seraient mes meilleurs, sinon mes seuls alliés durant toute ma vie de non-voyant? Croyez-moi, j’en ai eu besoin pour accepter de déployer trois fois plus d’effort afin d’obtenir le même résultat que n’importe quelle personne voyante; aussi, pour me relever sans cesse après chaque chute en feignant l’indifférence; encore, pour endurer stoïquement les railleries et l’ostracisme de mes collègues de classe et de travail; en somme, pour faire mon chemin bravement dans un monde hostile peuplé d’obstacles physiques, psychologiques et sociaux.

Toutes les personnes handicapées visuelles que je connais font preuve, de diverses façons, d’un grand courage dans leurs gestes quotidiens. Cependant, pour des raisons obscures, nous sommes enclins à le cacher ou le minimiser. Pourtant, affronter constamment des contraintes majeures imposées par la déficience visuelle nécessite, selon moi, davantage de courage que gravir une montagne ou publier un livre dénonçant une agression subie vingt ans auparavant. Oui, j’admire les gens réellement courageux. Nous avons développé cette précieuse qualité et pouvons à juste titre en concevoir de la fierté.

En ce qui me concerne, je n’y vois maintenant plus rien et le beau sapin de mon enfance ne brille plus que dans ma mémoire mais la leçon maternelle reçue alors, demeure toujours bien vivante et mainte fois déterminante dans ma vie de quadragénaire handicapé visuel.

Joyeux Noël à vous tous!

Jean Brière